Le vélo de montagne, ce n’est plus un sport réservé aux experts et aux casse-cous intrépides. C’est devenu une vraie culture, un mode de vie, un art de filer à travers les bois, les racines et les rochers avec juste assez de contrôle pour savourer ce mélange unique de peur et d’euphorie. Mais derrière les virages en épingle, les descentes engagées et les montées qui font chauffer les mollets, il y a une réalité qu’on oublie trop souvent : le jour où ça tourne mal, vous êtes peut-être votre seul secours.
Que vous rouliez dans la Vallée Bras-Du-Nord, en Gaspésie, dans les Laurentides ou ailleurs au Québec, la nature ne fait pas de compromis. Et votre trousse de premiers soins non plus.
En vélo de montagne, l’isolement n’est pas l’exception, c’est la règle. On roule dans des sentiers en boucle, parfois à plusieurs kilomètres du point de départ, sans accès routier, souvent sans signal cellulaire. Même un sentier balisé dans un centre reconnu peut comporter une portion éloignée ou accidentée.
Magasinez les casques de vélo de montagne
L’environnement varie du sous-bois humide aux crêtes rocheuses exposées, avec des facteurs aggravants : météo changeante, chaleur accablante ou refroidissement rapide après l’effort. Quand un accident survient, l’aide peut mettre plusieurs dizaines de minutes à arriver, si elle peut arriver.
Les études sur les blessures en vélo de montagne montrent des tendances claires. Parmi les plus fréquentes :
- Fractures de la clavicule, du poignet ou de l’épaule : typiquement causées par une chute sur le côté ou un OTB (“over the bars”).
- Luxations de l’épaule ou du doigt : courantes lors d’un mauvais appui à la réception d’un saut ou d’un virage mal négocié.
- Traumatismes crâniens : bien que le casque réduise le risque de blessure grave, il ne rend pas invincible.
- Entorses de la cheville ou du genou, parfois combinées à des coupures profondes par les pédales ou les branches.
- Éraflures, lacérations, saignements : souvent bénins mais à surveiller en cas de contamination.
- Troubles métaboliques, déshydratation, coup de chaleur en montée prolongée.
Des données publiées dans Wilderness & Environmental Medicine confirment que près de 65 % des blessures en vélo de montagne surviennent lors d’une descente, et qu’une majorité d’entre elles pourraient être prises en charge par des gestes simples… si on les connaît et si on a le matériel.
On ne part pas rouler avec un sac à dos de 40 litres. Il faut penser léger, mais efficace. Voici les essentiels à avoir dans votre trousse de terrain :
- Gants nitrile, petits ciseaux
- Bandes élastiques multifonctions
- Bandage compressif et pansements adhésifs
- Pansements divers et bandes de rapprochement (Steri-Strips®)
- Sucre rapide (gel énergétique, pastilles de glucose)
- Pochette réutilisable ( Ziploc®) pour déchets biomédicaux
- Ruban adhésif médical (type Leukotape®)
- Couverture d’urgence
- Mini garrot élastique (Type SWAT-T® ou Slishman pressure wrap®)
- Attelle coussinée (SAM® Splint)
Truc de pro : chaque élément doit avoir plusieurs fonctions. Le ruban adhésif sert à fixer un pansement, faire une attelle improvisée ou réparer une pièce d’équipement. Pour les expéditions plus engagées, on peut partager le matériel entre les cyclistes du groupe.
En l’absence de réseau cellulaire, une simple chute avec blessure peut rapidement se transformer en véritable casse-tête logistique. C’est pourquoi il est essentiel d’adopter ces trois réflexes de base :
1. Toujours informer quelqu’un de son itinéraire et de l’heure prévue de retour.
2. Avoir sur soi un moyen de communication en cas d’urgence, comme une balise satellite ou un GPS de type InReach®. (À noter : les plus récents modèles d’iPhone offrent maintenant une fonction intégrée d’appel d’urgence par satellite.)
3. Savoir évaluer la situation et prendre la bonne décision : vaut-il mieux attendre sur place ou tenter un retour par ses propres moyens ?
Le principe de non-aggravation prévaut : un blessé stable vaut mieux qu’un blessé devenu épuisé ou hypotherme à force d’avoir tenté de marcher.
On dit souvent qu’en médecine en régions isolées, 80 % des incidents sont évitables si 20 % des bons réflexes sont acquis. Voici ces réflexes :
- Casque ajusté, gants longs, coudières et genouillères
- Connaissance du sentier
- Hydratation avant et pendant l’effort
- Écoute du corps : vertige, nausée, faiblesse = signaux d’alerte
- Ne jamais rouler seul… ou alors, jamais sans plan de secours.
Le vélo de montagne est un sport d’équipe, même en solo. En vous formant en premiers soins pour milieux isolés, vous devenez un acteur de sécurité dans votre communauté.
Prenez rendez-vous pour une mise au point
Des formations de secourisme en régions isolées de base ou avancées ou même un atelier de premiers soins axé sur le vélo de montagne, peuvent faire la différence entre un accident embêtant et une catastrophe évitable.
Faire du vélo de montagne, c’est goûter à une forme de liberté unique. Mais cette liberté a un prix : celui de l’autonomie, de la préparation, du bon sens. Une chute ne devrait jamais être le début d’un cauchemar. Et avec un peu d’anticipation, quelques bons réflexes, et une trousse bien pensée, vous pouvez continuer de filer à travers les sentiers… sans crainte de ne pas savoir quoi faire si ça tourne mal.
